En 2020, Gustave Roussy devenait le premier établissement d’Île-de-France labellisé « Lieu de santé sans tabac ». Relabellisé Gold cette année, l’Institut continue son engagement contre le tabagisme, qui constitue le principal facteur de risque de cancer évitable en France. 20 % de l’ensemble des tumeurs diagnostiquées chaque année dans l’Hexagone sont liées à la cigarette. La Dr Marianne Hermand, psychiatre et addictologue à Gustave Roussy, fait le point à l’occasion du Mois sans tabac.

Dr Hermand : Un lieu de santé sans tabac est un établissement qui s’engage dans une politique active de lutte contre le tabagisme, mais également de prévention et de santé publique de manière générale. À Gustave Roussy, il est bien évidemment interdit de fumer à l’intérieur, mais également à l’extérieur du site. Cette interdiction vaut aussi pour les cigarettes électroniques. Ces interdictions sont rappelées avec une signalétique claire. Enfin, être un lieu de santé sans tabac implique un engagement institutionnel fort en faveur de la lutte contre le tabagisme.
Dr Hermand : Notre service organise des activités de prévention et de lutte contre le tabac. Notre rôle est par ailleurs d’accompagner les patients, leurs proches – un environnement avec des proches fumeurs constitue un risque majeur de rechute – ainsi que les professionnels de Gustave Roussy engagés dans une démarche de sevrage tabagique, avec des consultations d’addictologie.
Dr Hermand : Chez les patients atteints de cancer, l’arrêt du tabac est un véritable enjeu de traitement, quel que soit le type et l’avancement de la maladie. Fumer entraîne d’abord des risques de complications postopératoires, avec une moins bonne cicatrisation ainsi qu’un risque augmenté de rejet de greffe et d’infections. Le tabac entraîne également une moins bonne tolérance à la chimiothérapie et à la radiothérapie, avec des risques accrus de radiomucites. Arrêter de fumer permet enfin au patient de reprendre confiance en lui, en se sentant en capacité de contrôler certains aspects de ses traitements.
Les premiers effets positifs de l’arrêt du tabac interviennent quelques heures après la dernière cigarette, avec une diminution de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, ainsi que du taux de monoxyde de carbone dans le sang. Les sens de l’odorat et du goût sont également améliorés dès 48 heures après le début du sevrage. Plus progressivement, les personnes vont récupérer du souffle, de l’endurance, ainsi qu’un bien-être psychique, avec une réduction de l’anxiété et une amélioration du sommeil. Avec le temps, le teint va devenir plus clair, la peau moins ridée, les ongles et les cheveux moins cassants. La sexualité est améliorée, avec une réduction des problèmes érectiles et une amélioration de la fertilité.
Sur le long terme, on observe une diminution du risque de développer une maladie grave liée au tabagisme, avec, 10 ans après l’arrêt de la cigarette, une division par deux du risque des maladies coronariennes, ainsi qu’un risque significativement diminué de développer un cancer lié au tabac. Au bout de 5 à 15 ans après l’arrêt du tabac, le risque de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux redevient comparable à celui des non-fumeurs. Enfin, des enjeux plus larges, tels que la protection de l’environnement, la salubrité publique et la prévention des incendies, bénéficient eux aussi de l’arrêt du tabagisme.